Tou Bichvat – Notre Libre-Arb(re)itre : Ne pas se laisser abattre !

Tou Bichvat – Notre Libre-Arb(re)itre : Ne pas se laisser abattre !

La fête de Tou Bichvat , à première vue, ne nous affecte pas directement ; le Nouvel An des Arbres a certes des répercussions pratiques au niveau du prélèvement de la dîme sur les fruits, le début du décompte annuel de leur Ma’asser commence ce jour-là, mais le jour en soi ne possède aucune particularité le démarquant des jours qui l’entourent. De nombreuses traditions dans les divers courants de notre religion ont vu dans ce jour des propriétés magnifiques, un flux divin à la puissance incroyable et considère cette fête comme l’une des plus importantes de l’année.

Quoi qu’il en soit, profitons de cette occasion où l’Arbre est mis sur un piédestal pour méditer sur son apport possible pour notre Service Divin.

La comparaison la plus connue entre l’Homme et l’Arbre nous vient de la Torah (Devarim 20, 19) : le verset nous défend d’abattre les arbres d’une ville que l’on assiège en but de conquête. Seuls les arbres fruitiers seront concernés par cette interdiction. La raison donnée par le Texte pour justifier cette interdiction est donnée avec l’expression « Car l’Homme est l’Arbre du champ… »

Deux façons de comprendre cette formule nous sont révélées par les commentateurs :

Sous forme interrogative, le Texte nous différencie l’arbre de l’homme ; L’arbre est-il un homme pour se retirer dans le siège et souffrir de la faim et de la soif comme les autres habitants ? (Rachi)

Sous forme affirmative, le Texte utilise la métonymie pour nous apporter un sens à cet interdit ; l’Homme étant dépendant de la nourriture pour vivre, en l’occurrence ici des fruits, il se trouve que l’Homme est un arbre du champ, désignant la nourriture par sa provenance. (Ibn Ezra)

La relation Arbre / Homme dans le verset se situe sur deux niveaux : une certaine supériorité de l’Arbre d’une part, n’étant pas concerné par le siège, et d’autre part une faiblesse de l’Homme, dépendant de la nourriture pour vivre. L’arbre fruitier n’est donc pas soumis à la guerre, vu son rôle nourricier vital pour la survie de l’homme. La conquête de nouveaux territoires ne peut justifier la destruction de source alimentaire, source de vie.

L’Arbre n’est donc pas limité par un territoire, il ne peut être un objet de conquête. La Vie, le symbole de cet arbre qui la préserve par ses fruits, ne pourra jamais être conquise.

En transposant la raison de cette interdiction, une leçon apparaît. Notre vie nous appartient. Elle ne pourra en aucun cas être conquise par d’autres. L’arbre, source de fruits, est peut-être le symbole de notre potentiel, ces forces personnelles uniques qui n’attendent que nous pour voir le jour. Notre entourage ne pourra jamais nous les ôter, seul nos efforts et nos décisions amèneront notre potentiel à maturité.

Dans ces semaines qui, petit à petit, nous guident vers la Liberté, ce Nouvel An nous apporte un certain réconfort. Personne ne pourra nous prendre notre destinée, nos Fruits demeurent notre territoire à jamais. Mais cette promesse nous amène à une certaine responsabilité ; Encore faut-il rester un arbre fruitier…  Produire sans cesse, dévoiler de nouvelles facettes de notre personnalité, tels sont les moyens de ne pas nous laisser envahir par notre société environnante. Un arbre stérile, n’étant plus le dépositaire de la Vie, peut faire partie d’un patrimoine à conquérir. Le fait de se laisser abattre par les gens, d’être abattu par les événements de la vie, est peut-être un signe d’absence de productivité…

Apprenons de ce jour si important pour nos protégés les Arbres pour nous inspirer de leur capacité à faire éclore et à amener à terme leurs Fruits, en prenant racine dans la Vie, même en temps de guerre.

About The Author

Ancien élève de Gateshead et de la Yéchivat 'Hevron, il est l'auteur entres autres d'un essai sur l'adolescence à travers le prisme de la Torah. Etudiant à plein temps du Kollel, il se spécialise dans 'Hochen Michpat.