Dans notre Paracha, Moché s’adresse à l’ensemble du peuple pour leur transmettre une cinquantaine de Mitsvot. Il ne se contente pas de les enseigner à des groupes comme pour les autres préceptes, mais au peuple entier.
L’explication à cela selon les sages est que dans ces Mitsvot précisément sont contenus les “Dix commandements”. Pour en citer quelques-uns, nous trouvons des ordonnances comme “Je suis Hachem votre Dieu”, “Vous ne fabriquez point des dieux de métal”, “vous ne jurerez point par mon nom”, “observez mes Chabbat”, “rêverez votre mère et votre père”, “vous ne commettrez point de vol” …
Le Décalogue historique qui nous a été transmis à la suite de la sortie d’Egypte, apparaît donc de nouveau dans notre Paracha à travers la liste des Mitsvot citées dans le texte.
Pour quelle raison cette répétition ? La révélation historique de Dieu au mont Sinaï ne suffirait elle pas ?
Il semble que la réponse se trouve dans les propos de Dieu juste avant de nous transmettre la Torah. Il s’exprime alors :
“ואתם תהיו לי ממלכתם כהנים וגוי קדוש ”
“mais vous, vous serez pour moi une dynastie de pontifes et une nation sainte”
Chemot 19;6
On pourrait proposer une explication qu’il s’agirait ici d’un processus: nous serons avant tout les serviteurs de Dieu, et seulement après nous aspirerons à accéder à la Sainteté.
Alors que le livre de Chémot nous rend esclave à Dieu, créant ainsi notre premier lien envers notre Créateur, celui de Vaykra nous permet de nous dépasser et d’accéder ainsi à un niveau plus élevée. Si la sortie d’Egypte nous fit obtenir le titre d’esclave de Dieu, le Michkan généra en nous une transcendance, et nous permit de goûter quelque peu à la Sainteté de Dieu.
En observant le texte de notre Paracha plus attentivement, il semblerait que les mêmes commandements reçus lors du Don de la Torah, prennent un niveau supérieur. La parole de Dieu au Mont Sinaï, est la base de notre rapport à Lui. A nous de la sublimer.
Si à Matan Torah nous avons été ordonnés “ne commets point d’homicide”, le texte dans notre Paracha formule “ne sois pas indifférent au danger de ton prochain”. Ainsi le verset dit “révérez, chacun, votre mère et votre père” au lieu de “honore ton père et ta mère”. Pour le Chabbat aussi, le terme “pense”, a été remplacé par “observe”. A la place de l’ordonnance “ne convoite pas la maison de ton prochain”, le texte nous demande “aime ton prochain comme toi-même” .
Il apparaît clairement que les mêmes messages transmis dans les commandements, sont formulés de manière plus profonde et impliquant dans Kédochim. Nous devons petit à petit atteindre l’adn de ces Mitsvot, pour devenir ainsi une partie inséparable de la parole Divine.
On peut résumer alors le message de notre Paracha ainsi : ne nous contentons pas de la sortie d’Egypte et de Matan Torah où nous étions uniquement spectateurs, mais à nous d’agir et d’aller au-delà des préceptes de base. Plutôt que de se suffire de ne pas jalouser et convoiter, aimons notre prochain.
En d’autres termes nous dit le verset : “Soyez saints ! Car je suis saint, moi l’Éternel, votre Dieu”.