La massekhet chabat 88 relate que lorsque Moché monta au ciel pour recevoir la Thora, les malakhim dirent « Offre Ta splendeur dans les Cieux– Moché leur répondit, la Thora que Tu me donnes, voyez ce qui y est écris… avez-vous un yetser hara ?!! »
Il faut essayer de comprendre le refus des malakhim de transmettre la Thora à Israel. Ce refus trouve son support dans cette faculté que nous avons de contempler la nature. A leurs yeux, il suffit au Peuple Juif d’observer les merveilles de la Création et d’observer ses processus ainsi que la façon dont Hakadoch Baroukh Hou nourrit et satisfait aux besoins de Son monde, pour y déceler la Sagesse Divine. Il suffit de bien regarder, réfléchir à la Toute Puissance du Créateur ! Si l’homme réfléchit un tant soit peu, à toutes les épreuves qu’il traverse, il y trouvera la Sagesse Divine. Il comprendra alors que dans chaque infime détail, se cache la Sagesse du Maître du monde.
De même en va-t-il de tout ce que le Créateur a mis à la disposition de l’homme, tant dans la variété des nourritures proposées, dans les produits de l’arbre, de la terre, que dans tout ce qu’Il a introduit dans la nature, les animaux domestiques et sauvages, tout ce surplus, cette abondance qui n’est pas forcément essentielle à sa survie. Cette profusion, cette variété, cette abondance a été mise à la disposition de l’homme dans cette Volonté de lui accorder à chaque occasion de nouveaux moyens ainsi qu’autant d’opportunités de reconnaitre son Créateur au cœur de Ses créatures. Ainsi, le Maître du monde a élargi au plus haut niveau la Création, en multipliant et en diversifiant les variétés de produits, les formes, les couleurs etc… Et cela, pour offrir à l’homme de nouvelles occasions de plaisir !
C’est la raison pour laquelle les malakhim refusèrent de transmettre la Thora à Israel. De leur point de vue, à elle seule, la nature doit suffire pour amener l’homme à la connaissance du Créateur, de même que les Avot sont parvenus à ce haut niveau par ce biais et arrivèrent par eux-mêmes, à accomplir les 613 mitsvot, comme celle du Erouv Tavchilin, et cela, avant même que ne fut donnée la Thora,
En réalité, la Création elle-même est fondée sur la Thora comme il est dit : « הסתכל באורייתא וברא עלמא – Il a regardé dans la Thora et a créé le monde ». C’est dans cette création que se cache et se concrétise toute le Thora. Les malakhim qui sont loin de la réalité matérielle, n’éprouvant pas le besoin de se nourrir, de boire, de se vêtir et ne connaissant pas les nécessités matérielles, sont loin de toutes les épreuves de ce monde ici-bas. Par nature, ils ne connaissent pas les cycles et les changements de rythme, de saison, de mode. Pour eux, tout se déroule en permanence, comme au premier jour de la Création.
Lorsque les malakhim désirent voir les prodiges du Créateur, ils n’observent pas le ciel car rien ne s’y passe de nouveau, ils disent kadoch, kadoch, kadoch, Hachem Tsévakot remplit toute la terre de Sa Gloire. Le Kavod Hachem remplit toute la terre car l’essentiel du Kavod Hachem, sa Providence, Sa façon de conduire le monde, Sa Toute Puissance, Ses Prodiges se manifestent essentiellement sur terre. Dans la façon dont Il insuffle la vie à toutes les créatures qu’il nourrit et pourvoit aux moindres besoins.
Dès lors, la question des malakhim devient : « A quoi est affairé Hachem ? » Au ciel, aucun changement n’est perceptible. Que ce soit dans leur rythme ou leur nature, tout se déroule comme au premier jour. C’est pourquoi ils demandent à ce que leur soit donnée la Thora, désireux de connaitre la Hokhmat Hachem.
A partir de là, il est possible d’expliquer ce qu’affirment nos Sages, à savoir que la Thora n’a été donnée qu’à ceux qui mangent la manne !! Lorsque Israel consomma la manne dans le désert, bien qu’il s’agisse d’un miracle fabuleux, avec le temps, l’attrait de la nouveauté s’étiola, les Bnei Israel s’y habituèrent incluant ce phénomène dans la routine de leur quotidien. Ayant eu l’occasion de se nourrir de « prêt à consommer », leur subsistance étant céleste comme celle des malakhim, il leur manqua les prodiges de la nature pour les contempler, y réfléchir et y puiser la Sagesse Divine. C’est pourquoi il était indispensable que leur soit donnée la Thora, pour y reconnaitre en tant que Plan du monde, cette Hokhma de la Création.
La réponse de Moché qui dit au malakhim « Avez-vous un yetser hara ? » a pour sens : il est vrai que l’observation de la nature suffit pour parvenir à la connaissance du Créateur, mais le yetser hara qui habite l’homme, embrouille son cœur et lui voile les yeux, l’empêchant d’y percevoir l’Œuvre d’Hachem ! C’est pourquoi nous avons besoin de la Thora pour nous sanctifier nous permettre de reconnaitre les prodiges de Hachem au cœur de la nature en ôtant cette barrière matérielle.
Nos Avot Hakédochim, dont l’esprit était pur n’eurent pas besoin de la Thora. Ils se suffirent de la contemplation de la nature car se réalise en elle toute la Sagesse de la Thora « Hachem a regardé dans la Thora et a créé le monde ».
La différence qui existe entre nos ancêtres et nous, tient dans la force du yetser qui était bien moindre que le nôtre. Il leur suffisait de quelques mitsvot pour se parfaire dans la Avodat Hachem.
Par contre du temps de Yossef, lorsque leurs enfants descendirent en Mitsraim et y séjournèrent dans la tranquillité durant 70 ans, leurs désirs ainsi que leur recherche des plaisirs allèrent grandissant, si bien que leur yetser surpassa leur esprit. Il leur fallut des barrières pour les tenir éloignés de ces désirs fallacieux et les préserver de leurs tendances négatives. Hachem leur ajouta des mitsvot célestes qui les aida à se préserver.
Comment expliquer les jérémiades et les plaintes de cette génération du désert, pourtant dénommée « génération de la connaissance » et qui, contre toute attente, réclama de manger des courgettes et des pastèques ?!!
Il est permis d’affirmer que l’absence des éléments de la nature est ce qui les empêcha d’avoir accès et de réaliser la Hokhmat Hachem. Effectivement, ils vivaient comme des malakhim sans aucune notion de cycle ou de changement. Ils n’avaient aucun moyen de contempler les prodiges d’Hachem dans la Création. Il leur manquait la multiplicité et la diversité des éléments, des formes, des couleurs de celle-ci comme les produits de l’arbre, des fruits et tous genres de légumes… chaque espèce pour laquelle il est possible de découvrir un monde en soi, admirer les merveilles de leur nature intrinsèque ainsi que le phénomène extraordinaire de leur reproduction.
A Tou bichevat, premier jour de l’année des arbres, tous genres de fruits nous sont proposés et présentés… ce jour doit servir comme base de réflexion et de contemplation des prodiges de la Création du Maître du monde, pour chaque fruit. C’est pour nous, une occasion de reconnaitre un aspect de la Hokhma Divine et le prodige de ses principes et composants.
Placer devant nous un nouveau fruit, source de plaisir et de bonheur, est une occasion de plus de nous rapprocher et de remercier encore davantage notre Créateur.
Tou Bichevat est donc le jour le plus opportun pour admirer la nature et remercier pour tout le bien qu’Hachem a mis à notre disposition dans Son monde dont la finalité est de reconnaitre Celui qui a dit « והיה העולם– que le monde soit ! »
Adaptation traduction à partir du séfer דרכי מוסר