Comment se dispenser du Jeûne des premiers-nés, tout seul ?

Comment se dispenser du Jeûne des premiers-nés, tout seul ?

Le Jeûne des premiers-nés, ou Ta’anit Be’horot, figurant déjà dans Massé’het Sofrim, est une coutume très répandue autant que respectée par la majorité des communautés juives du monde. Ce jeûne, observé par les premiers-nés,  juste avant la fête de Pessah, soit durant la journée du 14 Nissan, commémore la dixième plaie d’Egypte, la mort des premiers-nés Egyptiens, et comme ce fut le cas pour toutes les plaies, les Enfants d’Israël furent épargnés.

Question

Cependant, la coutume répandue de nos jours est que les premiers-nés se dispensent de l’obligation de jeûner en participant à une séoudat mitsva tel qu’un siyoum (conclusion d’un traité du Talmud) qui a priorité sur le jeûne.

La question se pose cette année où nous sommes tous en confinement, sans possibilité de Minyan  (rassemblement de dix hommes adultes nécessaire à la récitation des prières). Est-il possible de nous dispenser de ce jeûne en finissant un traité du Talmud, tout seul ? Et que faire si on n’a pas cette possibilité ?

Réponse

Toute la notion de Mynian lors d’un Siyoum n’est que pour marquer l’importance de la Mitsva et notre attachement à celle-ci, ainsi que pour fêter et partager le repas en l’honneur de la Torah dans une grande assemblée. Mais dans l’essentiel, cette joie est liée au fait même de conclure la Torah, et ne dépend pas du Mynian ou d’une grande assemblée. Il est même digne d’organiser une Séouda (repas festif) pour lui tout seul, qui sera considérer comme une véritable Séoudath Mitsva.

Conclusion

Par conséquent, cette année, le meilleur conseil est de finir soi-même un traiter de Talmud ou même de Michna, à la maison. Il existe certains traités relativement courts, tels Tamid (8 feuillets) ou Horayot (12) feuillets. Si cela n’est pas possible, on pourra se contenter à posteriori d’une participation par téléphone ou autres médias, comme l’ont prescrit cette année la Rabanouth Harachit, et ainsi est répandue au nom du Gaon rav Ch.Z Auerba’h z”l.

About The Author

Ancien élève de la yéchiva de Poniewicz. Auteur de plusieurs brochures, en particulier sur le traité Horayot, l'astronomie et le calendrier juif. Se spécialise sur les sujets de Hochen Michpat. Co-directeur du centre de Dayanout Michné-Tora à Jerusalem.

Comments (7)

  • Dan T

    Peut-on faire le Kadich si on est 10 personnes sur l’aplication Zoom ?

    • Rav B. Melka

      Cela n’est pas possible.
      Le kaddish, comme tout autre ‘davar chébikdoucha’ (sanctification) n’est récité qu’en présence d’une assemblée de dix personnes, qui se trouvent dans un même endroit, comme explicite dans le Talmud (érouvin 92b) et tranché dans le choulhan Arouk’h (§ 55, 13). Il est vrai qu’il existe un principe de « certains d’entre eux voient les autres » qui permet de s’associer pour le zimoun, et qui d’après le Rachba, est valable aussi concernant la Téfila, cependant cela n’est pas possible dans une situation où chacun se trouve dans une maison différente (voir Arouk’h Hachoulhan §55, 20, et chevet halevy v9 §20).
      Cependant, s’il existe un minyan de dix personnes rassemblés (en coordination avec les directives du ministère de la Santé, bien entendu), c’est une grande discussion dans les Poskim si on pourra/devra répondre Amen sans que ce soit amen yétoma. La conclusion du rav Ovadia Yossef (yéhavei daat v2 §68) est qu’on aura le droit mais non pas l’obligation, de répondre.
      Hag Saméa’h

  • Nethanel ABIB

    Court, clair et concis
    Hazak !!

  • Emmanuel

    Hazak
    Une autre solution aussi est…
    De jeûner pour une fois !!
    Ce jeûne n’a pas été instauré pour être annulé d’office et on peut très bien ajouter nous les premiers nés un jour de jeûne dans l’année pour remercier Hachem de tous les bienfaits dont il nous comble, et ce jeûne peut nous rappeler cela et ainsi nous inciter à voir la hachgaha pratit dans tout le mahalakh de notre vie…
    Évidemment je ne parle pas pour les personnes fatiguées ou ayant une faiblesse, où votre article a toute son importance.
    Je parle pour les commun des êtres humains bien portants, que je pense que c’est là l’occasion de mettre notre confort de côté et de remettre à Hachem un petit korban de notre personne pour montrer qu’on pense à lui et qu’on est heureux et reconnaissant envers son hessed…

    • Rav B. Melka

      Il est vrai qu’en ces jours d’incertitude, les mérites ne sont pas de trop, toutefois à chacun de juger en fonction de son état, ses capacités etc. Il est rapporté au nom du Hatam Sofer, qui a jeûné toute sa vie la veille de Peassah, étant lui-même un premier-né, seulement durant sa vieillesse où il était affaiblie, il s’est autorisé à manger lorsqu’il avait une circoncision, où il était lui-même mohel.

      De manière générale, Il convient de vérifier sur quoi s’appuie-t-on pour dispenser ce Taanit par un siyoum ou un repas de mitsva, ce qui n’est pas valable concernant les autres jeûnes, comme tranché dans le Choul’han Arouk’h (568, 10). De plus, il faudrait comprendre pourquoi n’est-il pas nécessaire de « rattraper » ce jeûne un autre jour, comme est le cas concernant une brit mila veille de Pessa’h, où le Mohel, le Sandak et le père du bébé doivent rattraper ce jeûne comme explicite dans le michna béroura.

      • Nous trouvous dans le Aroukh hachoul’han (470, 5), qui s’est déjà étonner sur l’origine de cette permission. Il écrit que cela a été toléré probablement pour deux raisons : Tout d’abord, ce jeûne est basé sur un minhag (une coutume), non mentionné dans le Talmud. Par conséquent, quand il y a une bonne raison, par exemple la veille de la Pessah, où en raison de l’affaiblissement des générations, le jeûne risque de perturber les préparatifs de la fête, et de faillir à l’accomplissement des mitsvoth du Seder, on ne pourra pas protester contre ceux qui s’en dispensent.
      • Une autre façon d’expliquer est donné par la rav Ovadia Yossef (Maor Israël Pessahim 108a), qu’étant donné que ce jeûne n’est que par coutume, il y a une règle qui dit: “A cette intention, nous n’avons pas comme coutume de jeuner’ (voir Rama 568,2)”, qui est valable ici pour une Séoudat Mitsva. (Cette explication est étonnante, car la Séouda d’un Siyoum n’est que facultatif, différemment d’un repas de brit mila).
      Il cite aussi les propos du Maharam Brisk qui fait remarquer que cette coutume n’est pas mentionnée par le Rambam qui apparemment s’est appuyé sur le Yéroushalmi (début Arvei Pessahim) dans lequel il ressort qu’il serait même interdit de jeûner veille de pessah. Il rapporte également les paroles du Méiri (Pessahim 107b), qui écrit« le Talmud occidental ainsi que dans le Massehet Sofrim, ont instauré un jeûne pour le premier-né les veilles de Pessah…, ainsi est la coutume dans quelques endroits d’Allemagne et de France, mais cela n’est pas nécessaire du tout ». Il convient de souligner que malgré tout cette coutume de jeuner est mentionné dans le Choulhan arouk’h (470, 1).
      • Une explication intéressante est donné dans le livre Dvar Yéochoua (v2 §81), qui propose que cette tradition de jeuner n’étant pas due à une nécessité d’expiation, mais simplement comme une commémoration du miracle des premiers-nés hébreux sauvés de cette dixième plaie. C’est pourquoi, étant donné que les générations sont faibles et que le jeûne est dur, au lieu de revendiquer ce miracle par un jeûne, on le revendique par un ‘yom-tov’ (une fête) organisé sur un Siyoum de Torah. Il considère d’après cela qu’aujourd’hui nous avons même coutume de ne pas jeûner, et que par conséquent, celui qui a été empêché de participer à un Syoum (un endeuillé), il sera de toute façon dispensé, en fonction de cette nouvelle coutume. Cette approche nous permet de mieux comprendre les législations propres à ce Siyoum que nous avons cité auparavant.

      • Emmanuel

        Hazak rabbi Binyamin ce développement tranquilise mon esprit de voir comment ce jeûne est devenu si dérisoire aux yeux des gens alors que je voyais là une belle occasion de savoir prouver que l’on peut se sentir spécifiquement redevable à Hakadoch Baroukh Hou et sentir une avodat h propre à notre personne…
        En vérité il se trouve que des guedolim ont interprété ce jeûne différemment. Néanmoins comme vous l’avez dit il est important de souligner que celui qui le veut peut aussi jeûner et qu’il a sur qui s’appuyer…

  • Rav A. Melka

    Emmanuel, ce que tu dit est sensé, mais en cette pèriode de risque, il vaut mieux ne pas jeuner ni inciter les gens à le faire, sachant qu’une personne affaiblie est moins immunisée, comme le disent les medecins. Même rav ‘Haim Kaniewski n’a dit de faire qu’un demi jeûne la veille de roch hodech Nissan, peut-être pour cette raison là. Bessorot Tovot.

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