Lumières de Hanouka – Au Seuil de nos maisons

Lumières de Hanouka – Au Seuil de nos maisons

Les lumières de Hanouka symbolisent la Hokhma de la Loi Orale et expriment la spécificité et la singularité de cette Hokhma face aux sagesses des nations.

Il y a donc lieu de s’interroger sur la mitsva d’allumer les bougies de Hanouka précisément au seuil de notre maison. Si Hanouka représente la Hokhmat  Hatorah, il eut convenu de la célébrer dans le cadre des Maisons d’Etude ou synagogues ? La “maison”, par comparaison, ne semble être qu’un lieu de la vie du quotidien .

Si les nations devaient commémorer la gloire de leur science et leur sagesse, elles auraient célébré cela dans les universités, les instituts, et autres académies.

En ce qui concerne la mitsva de la hanoukia force est de relever le paradoxe suivant : d’un côté, cet allumage se pratique en nos maisons, ce qui a pour sens que cette mitsva intéresse la maison au point mêmes où nos sages l’ont définie comme étant “la mitsva de l’homme et sa maison”,  d’un autre côté, les lumières ont pour objectif d’interpeller l’extérieur et non pas les habitants de la maison. Cela justifie que la hanoukia soit placée au seuil de notre porte, proche du domaine public. Comment appréhender cette difficulté ?

C’est justement à travers ce fait que se cache la distinction et même l’opposition profonde  entre la sagesse grecque et la Hokhmat Hatorah. De quoi s’agit-il ?

La sagesse grecque, celle des nations, est extérieure et superficielle, elle n’exerce aucune influence sur l’intériorité et la personnalité de l’individu. La Torah quant à elle, est une Hokhma intérieure et pénétrante adaptée à la réalité de l’homme dans son essence la plus intime. Elle est indissociable de la notion de maison. En revanche, cette maison doit avoir pour finalité de se mêler à l’intelligence de la Torah.

Dès l’instant où une personne établit une séparation entre la Torah et sa maison, il fait de cette Torah une sagesse extérieure. Elle prend alors la forme des sagesses des nations. Telle fut l’intention des Grecs lorsqu’ils prirent le parti de traduire la Torah, la livrer à l’extériorité.

C’est ce que les grecs posèrent comme objectif, faire en sorte de rompre ce lien qui peut exister entre notre Hokhma et nos maisons. Ils réalisèrent 13 brèches dans le Bet Hamikdach, et cela révéla leur impureté, celle de transformer le Mikdach en lieu public dans le but d’en éliminer tout esprit d’intériorité. Animés des mêmes intentions, les grecs fixèrent que toute jeune fiancée devrait être soumise au gouverneur avant son mariage etc… Tous ces arrêtés et décrets avaient pour seule et unique finalité : annuler l’impact et le sens profond du Mikdach.

Nos Sages affirment également que l’allumage de Chabat a préséance sur celui de Hanouka. Quelle en est la raison ?  

Car sans la lumière de Chabat, symbole du Chal’om dans la maison, il est impossible de concevoir d’illuminer l’extérieur. L’éclairage et la diffusion de la lumière doivent forcément provenir de l’intérieur, de la maison. C’est pourquoi, dans les lieux publics, excepté les Synagogues, nos Sages ont tranché qu’il n’y avait pas lieu d’allumer du tout.

Nous pouvons apprendre ce même principe du verset  “La maison de Yaacov sera le feu, la maison de Yossef, la flamme, et la maison de Essav, la paille” (Ovadia 1 ;18). Yaacov ayant été identifié en tant que concept de “maison” (“Il  se construit une maison” Béréchit 33 ;17),  Yossef peut donc être porteur d’une action à distance comme la flamme, ainsi que nos sages l’affirment (Midrach Béréchit 84 ;5) : une seule étincelle émanant de Yossef détient la capacité de brûler et tout détruire.

Afin d’être une source de lumière pour les nations, nous nous devons d’être robustes et solides intérieurement en renforçant les fondements et les remparts de nos maisons.

Ce statut de “maison” gagné par Yaacov, différent de celui de  Avraham, dénommé “montagne”, ou de celui de Ytshak, appelé “champ”, est l’unique trajectoire qui nous permette d’éclairer et d’avoir un impact sur le monde. Il nous appartient de l’intérioriser et de le mettre en pratique.

About The Author

Ancien élève de la yechivat Hevron Guivat Mordehai. Auteur de plusieurs livres sur le Talmud et la Halacha. Roch Kollel Michné-Torah à Jerusalem.