Béréchit – L’Homme: le réconciliateur du monde

Béréchit – L’Homme: le réconciliateur du monde

Chaque jour de la création du monde, l’œuvre du Créateur se termine par le dicton: «Et Dieu considéra que c’était bien», à part le deuxième jour où D.ieu fit les cieux pour séparer entre les eaux qui sont au-dessous et les eaux qui sont au-dessus, il n’a pas été dit «c’est bien». Les sages expliquent (Berechit rabba 4) car ce jour là fut créé la controverse. La séparation appartient précisément au deuxième jour, qui est le premier nombre contraire à l’unité. D’ailleurs le terme cheni-deuxième provient de la même racine que chinouy-changement, car le deuxième jour est l’origine de tout changement.

Cependant, en ce qui concerne la création de l’homme, il est dit: «Il n’est pas bon que l’homme soit isolé» (Berechit 2;18). Pour cela Hachem a séparé le mâle de la femelle afin que la femme soit une aide pour l’homme.

Il est curieux de voir que contrairement à la création du deuxième jour qui n’a méritée la diction «que c’est bien», à cause de la séparation, concernant la création de l’homme, le texte nous enseigne qu’il ne pourra être «bon» seulement par le biais de la séparation.

Comment comprendre ce paradoxe ?

En réalité l’homme vient justement pour annuler les séparations et réunir tous les créatures de ce monde. C’est justement pour cette raison là qu’il fut séparer lui même, afin d’apprendre à créer l’union, comme dit le verset «Et l’homme dit: Celle-ci, pour le coup, est un membre extrait de mes membres et une chair de ma chair, C’est pourquoi l’homme abandonne son père et sa mère; il s’unit à sa femme, et ils deviennent une seule chair» (2; 23,24).

Dans le mariage d’un homme et d’une femme, deux deviennent un, et ils découvrent ainsi le point d’unité divine dans le monde. C’est pourquoi les sages ont dit: «Un homme et une femme qui ont mérités, la présence divine se trouve parmi eux», parce que notre croyance principale en D.ieu est la croyance en l’unité. La croyance qu’il n’y a pas de partage et de multiplicité dans la divinité et que la réalité a une seule origine.

Le mariage révèle la dimension au-delà de la séparation physique visible, et cré ainsi l’unité et l’amour intérieur et profond entre le couple. A travers la connexion entre un homme et une femme essentiellement opposés, on apprend que même si notre monde se caractérise par une multiplicité de nuances et de séparations, malgré tout, tout est d’une seule source, et tout peut être réuni et connecté.

Le début de la séparation dans le monde créée le deuxième jour, vient à la suite du tsimtsoum, de la contraction de Dieu dans le but de permettre l’existence d’une réalité extérieure à lui. Dès lors, le monde a subi des séparations et de disputes, déjà le troisième jour, les arbres séparaient entre la branche et le fruit, le quatrième jour la lune se disputa avec le soleil, et ainsi de suite. Et à ce jour, il n’y a rien qui ne soit divisé en deux, que ce soit sur le plan politique: la droite et la gauche, ou sur le plan religieux: le polythéisme et le monothéisme. Dans le judaïsme lui-même: ashkénaze et séfarade, chez les chrétiens: protestants et catholiques, chez les musulmans: sunnites et chiites. Il n’existe  pas de domaine de la vie qui ne soit séparé en deux, et dans chaque valeur il y a deux côtés opposés, comme le communisme et le capitalisme, la démocratie ou la dictature, la bonté ou la rigueur etc. Tout cela est le résultat du deuxième jour de la création du monde, en d’autres termes, du retrait de Dieu et de Son unicité .

Un seul facteur est en mesure de reconnecter et réconcilier entre ces séparations infinies, il s’agit bien de l’Homme. En créant une unité avec sa femme, il apprend à dépasser les limites de ce monde et a réunir deux contraires. Il révèle ainsi l’unicité de Dieu. c’est bien pour cela que ce n’est qu’à travers cette connexion qu’un enfant peut être amené au monde, intégrant en lui une âme divine.

Par conséquent, contrairement à la séparation du deuxième jour de la création où il n’est pas dit «que c’est bien», chez l’homme la séparation entre le mâle et la femelle est celle qui lui rend le «bien». Parce que cette séparation est destinée à créer une union. De cette façon, la personne comprendra qu’en vérité dans une dimension plus profonde, il n’y a pas de séparation dans le monde, et même ce qui apparaît à l’extérieur comme une multiplicité de nuances ou même comme des choses opposées, intérieurement tout est Un. Tout est géré par un Seul Leader dans un seul but que nous ne comprendrons que pour l’avenir à venir. C’est dans cette intention que nous enseignent les sages (Edouyot 8; 7) que Eliyaou Hanavi ferait la paix dans le monde comme il est dit «Il ramenera le cœur des pères à leurs enfants et le cœur des enfants à leurs pères» (Malachie 3).

Après avoir décrit la création des sept jour, le verset écrit «Dieu examina tout ce qu’il avait fait c’était tov-méod-éminemment bien»  (1;31).

On peut s’interroger pourtant Hachem a déjà définit chaque jour comme étant «bien», qu’a t-Il donc ajouté ici, et pourquoi cette fois ci le «bien»  est éminent ? De plus, comme nous ont enseignés les sages, le deuxième jour ne mérite pourtant pas d’être «bien» ? Pourquoi ce changement à la fin des sept jours ?

La réponse est que suite à la création de l’homme tout prend une nouvelle dimension. D’ailleurs le terme Meod (éminent) s’écrit avec les même lettres que Adam (Homme), ce qui signifie que par la création de l’homme, tout est passé de tov (bien) à tov-méod (éminemment bien). Car sans l’homme, chaque création est autonome, et l’unicité de Dieu n’est pas révélée. L’homme est en son pouvoir de relier toute la création et de donner un sens à l’ensemble de la création. Même le deuxième jour qui est à l’origine de toutes polémiques et controverses, peut devenir bon, car l’homme est en mesure de tout réconcilier.

De cela, nous devons apprendre que créer des désaccords et des polémiques, n’est pas une force, car cela provient de la nature du monde et du retrait de Dieu et de Son unicité. C’est une conséquence naturelle de la création du deuxième jour. La sagesse destinée à l’homme est de savoir relier et voir ce qui est commun en nous plutôt que ce qui nous sépare. Savoir voir au-delà des différences physiques et comprendre que chaque perception et chaque pensée est une seule facette parmi beaucoup d’autres d’une même vérité. Arrêtons de nous enfermer dans des cases et de percevoir chaque nuance comme une différence absolue.

La clé pour parvenir à cette sagesse est la vie conjugale et l’unité entre un homme et sa femme. Alors allons y!

About The Author

Ancien élève de la yechivat Hevron Guivat Mordehai. Auteur de plusieurs livres sur le Talmud et la Halacha. Roch Kollel Michné-Torah à Jerusalem.

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