Parachat Yitro – La mascarade des institutions internationales de paix et justice

Parachat Yitro – La mascarade des institutions internationales de paix et justice

La supercherie révélée

Récemment, le leurre moral des institutions internationales comme l’ONU ou la Cour pénale internationale a été remis en lumière. Certes, ces dernières furent créées à l’initiative d’hommes honorables, sincèrement désireux d’apporter réparation au monde et à la paix universelle. Mais il n’est pas moins évident qu’elles ont rapidement été détournées par des intérêts malveillants, et sont instrumentalisées par divers régimes qui en ont fait une arme entre leurs mains.

Un exemple poignant est celui de l’organisation des Nations Unies dédiée à l’assistance aux réfugiés palestiniens. Il s’avère qu’elle n’est rien d’autre qu’un bras exécutif du Hamas. Au cours de l’opération terrestre israélienne à Gaza, il a été découvert que les écoles de l’UNRWA, au nombre de 380, étaient utilisées comme conduits pour des tunnels terroristes et comme cachettes pour de nombreuses caches d’armes. Au lieu de promouvoir l’éducation et l’aide aux réfugiés, ces établissements d’enseignement ont été utilisés comme plates-formes pour inciter à la destruction contre Israël et propager des sentiments antisémites. De plus, les enseignants de ces écoles ont honteusement célébré les atrocités commises le 7 octobre 2023, et certains ont même pris en otage des innocents chez eux.

L’ampleur de ces mensonges et tromperies a été mise à nu, à la vue du monde entier. En conséquence, plusieurs pays européens ont pris la décision de retirer leur soutien financier à cette organisation criminelle. Il est tragique de constater que les fonds destinés à aider les réfugiés et ceux qui en ont besoin ont été détournés pour financer la construction de tunnels et d’autres infrastructures terroristes.

On pourrait également parler du cas de la Cour pénale internationale de La Haye, dont le procès la semaine dernière ressemblait davantage à une campagne de propagande anti-israélienne, procès dont l’accusation constitue un cas d’école d’inversion de la charge, en somme une tentative d’accuser Abel du crime de Caïn – selon les mots du juge A. Barak.

Comment comprendre la déliquescence morale de ces institutions, créées pour certaines au sortir de la Seconde Guerre mondiale dans le noble dessein de servir de plateforme internationale pour instaurer la paix dans le monde et protéger les droits de l’homme ?

Le choix des dix commandements

Dans notre paracha apparaît l’événement qui a changé le visage de l’humanité entière. L’événement au cours duquel les Tables de la Loi ont été données au peuple juif, qui a mérité une révélation divine sans précédent dans l’histoire. D-ieu est descendu sur le mont Sinaï pour choisir Son peuple et lui donner les dix commandements.

Il est naturel de se demander, quant à ces dix commandements choisis pour faire partie de l’alliance : pourquoi ceux-là en particulier ont été gravés sur les tables, et non d’autres ?

Des commandements généraux ou bien fondamentaux ?

Rabbi Avraham, fils du Rambam, s’est penché sur cette question dans son commentaire de la Torah (Chemot 20:14). Il écrit dans sa deuxième réponse que ces dix commandements sont les racines de toute la Torah – les 613 mitsvot. Par exemple, le commandement « Tu ne tueras point » comprend de nombreuses lois qui en découlent, comme celles sur les parapets, les villes de refuge, et toutes les lois sur les blessures et les dommages. On sait que Rav Saadia Gaon propose une idée similaire (citée par Rachi 24:12), et a même composé un poème reliant chacune des mitsvot à la teneur des dix commandements.

Cependant, à première vue, on peut encore se demander à propos de « Tu ne tueras point » : si seule la racine incluant de nombreux commandements est mentionnée, alors pourquoi la Torah a-t-elle écrit le cas le plus grave, c’est-à-dire le meurtre, faisant ainsi fait allusion au fait que d’autres interdictions similaires mais moins graves en découlent ? Il aurait été plus logique de dire que l’interdiction plus légère constitue la racine de toutes les autres plus graves, qui seraient déductibles a fortiori, comme par exemple une interdiction générale de ne pas nuire à autrui inclut tout type de nuisance même minime, jusqu’au meurtre.

Il y aurait matière à interpréter différemment, à savoir que le choix de ces commandements n’est pas dû au fait qu’ils incluent tous les autres, mais parce qu’ils sont fondamentaux et premiers par leur importance. On trouve une approche similaire chez Abravanel, qui écrit que les cinq derniers commandements sont formulés en termes négatifs parce qu’ils sont des interdits que la raison ordonne déjà, pour la plupart ordonnées aux descendants de Noa’h. Au contraire du devoir de charité et d’amour du prochain, par exemple, qui sont une qualité beaucoup plus élevée chez l’homme. Ainsi, HKBH s’est contenté ici d’interdire ce qui est totalement inapproprié. Le Malbim va dans le même sens, ainsi que Ralbag qui ajoute que les dix commandements exigent de nous ce qu’il y a de plus important, et nous mettent en garde contre ce qu’il y a de pire.

Cette compréhension peut être étayée par la prophétie de Yirmiyahou (7:9), qui réprimande les gens de sa génération en dressant la liste de toutes les interdictions figurant dans les dix commandements : « Allez-vous voler, tuer, commettre des adultères, faire de faux serments, encenser Baal et suivre des dieux étrangers que vous ne connaissez point ». Et Yirmiyahou poursuit en leur disant (cf. Radak) : « vous ne respectez même pas les commandements fondamentaux, tandis que vous offrez des holocaustes, ce que je ne vous ai pas prescrit dans les dix commandements. Cessez d’offrir des sacrifices et respectez d’abord les commandements fondamentaux ! ».

Cependant, si c’est le cas, nous devons nous demander pourquoi ces commandements basiques ont été choisis pour être au centre de l’alliance de cet auguste événement. Pourquoi le choix du peuple juif pour être un peuple particulier s’est-il fait au travers d’une liste de commandements qui a priori vont de soi, et qui à ce titre ont également été ordonnés aux descendants de Noa’h ?

L’illusion d’une morale autonome

Le Malbim (Chemot 20:13) explique que le « Créateur des âmes » nous a ainsi montré que même les commandements les plus rationnels, s’ils sont accomplis uniquement par raison mais sans crainte de Dieu, ne peuvent suffire. En effet, l’intellect ne saura alors résister aux pulsions intérieures de l’homme.

Pour illustrer cela, il cite en exemple ce qu’a dit Avraham arrivant en Égypte avec sa femme Sarah : « Car j’ai pensé qu’il n’y a aucune crainte de Dieu dans ce lieu, et ils me tueront à cause de ma femme » (Berechit 20:11). En effet, même un homme ou un peuple qui semble cultivé et raffiné, qui s’est doté de principes justes et dont la raison dicte la morale, qui rend la justice et fait preuve de charité selon son éthique personnelle, nous ne pouvons toujours pas lui faire confiance pour que, lorsque ses passions l’inciteront à mal faire, sa raison l’emporte toujours sur ses passions. Avec le temps et en l’absence de témoins, le feu de sa passion pour la femme ou les biens de son prochain brûlera en lui, et sa raison s’égarera lui permettant de commettre meurtre, adultère ou tout autre méfait.

Il n’y a qu’une seule force dans l’âme de l’homme en laquelle nous pouvons avoir confiance pour ne pas fauter, c’est celle de la crainte de D-ieu qui observe nos actions apparentes et cachées.

Spécificité et supériorité de la morale juive

Mais au-delà de cet aspect important de soumission à l’ordre divin, garant de l’intégrité de notre morale, il existe un aspect bien plus profond. Les commandements divins s’étendent au-delà de leur aspect simple et superficiel. Ils incarnent une idée interne et profonde qui doit résonner au sein du peuple, comme l’explique le Ran dans ses drachot (11). Ces commandements ne se limitent pas au maintien de l’ordre social adéquat, mais visent à inculquer une conscience morale complète tant aux individus qu’à la collectivité. Au moyen de cette morale, la lumière divine reflète ici-bas sur le peuple juif.

Dans cet esprit, Abravanel explique le lien entre le don de la Thora au mont Sinaï dans notre paracha et la multitude de lois apparaissant dans la paracha Michpatim qui vient juste après. Selon lui, les lois de justice détaillent les dix commandements et révèlent leur aspect divin. Par exemple, le commandement « Tu ne tueras point » ne s’interprète pas comme le consensus de base de ne pas attenter à la vie humaine. En effet, dans toute société dotée de lois, l’interdiction du meurtre est la première que la société s’impose. Même à Sodome, il était interdit de tuer. Le commandement divin ne se limite donc pas à cette compréhension, il est bien plus global et profond. C’est pourquoi, la paracha des Michpatim s’ouvre sur les lois relatives à l’esclave hébreu : cela révèle que lorsqu’un homme achète son semblable comme esclave, il restreint sa liberté de choix dans sa vie, et ainsi restreint la vie qu’il a reçue. C’est le sens du verset « et que ton frère vive avec toi » (Vayikra 25:36).

Les paroles entendues par Israël ne se limitent pas à leur sens superficiel, puisque pour la plupart elles avaient déjà été données aux fils de Noa’h. Elles sont venues pour transmettre au peuple, et à travers lui au monde, un véritable ordre moral. Une morale qui ne peut être définie de manière étroite ou simpliste, que ce soit par le sentiment ou la seule raison. Lorsque Avraham a exigé de D-ieu un jugement juste de Sodome, il n’a pas opposé sa morale humaine limitée à la morale divine supérieure. Il voulait comprendre les voies de la Providence et en tirer des leçons.

Des commandements comme axes de valeurs

Selon ces propos, nous pouvons relier les deux significations quant au choix des dix commandements lors de l’événement du Sinaï : l’une est restrictive, selon laquelle seuls les commandements les plus fondamentaux ont été énoncés ; l’autre est extensive, les 613 mitsvot étant inclus dans les dix commandements. Nous pouvons unifier ces deux approches, en admettant que seuls les commandements les plus graves et importants sont mentionnés, mais ils incluent de facto les moins graves qui se trouvent sur le même axe. Cela nous enseigne que même les commandements apparemment les moins importants sont intrinsèquement liés aux mêmes principes que les plus fondamentaux.

Par exemple, un homme qui humilie son prochain se tient en un sens sur l’axe du meurtre, comme nos sages nous l’ont enseigné (Baba Metzia 58b). De même, celui qui brise des objets dans sa colère se tient sur l’axe de l’idolâtrie (Chabbat 105).

En conclusion

Les Dix Commandements constituent le fondement de la morale, dont le peuple juif a hérité afin de la restituer au genre humain tout entier. Par conséquent, le bien de toute l’humanité nécessite que l’éthique d’Israël soit juste et correctement fondée. Même des commandements rationnels comme « Tu ne tueras point », s’ils ne sont observés que par raison intellectuelle ou sociale, ne résisteront pas aux passions et aux intérêts de chacun.

En tant que peuple élu, nous devons reconnaître notre rôle unique dans le monde. Il ne faut y voir nulle supériorité, ni condescendance, mais simplement un rôle à jouer. Le fait d’être un « peuple élu » ne nous a pas conduit à nous engager dans des actes violents comme les croisades chrétiennes, ni au « Djihad par l’épée » des musulmans, qui ont fait couler tant de sang, sans parler de la notion erronée de « race supérieure » propagée par les « lumières » de l’Allemagne Nazie.

Le judaïsme est une religion qui ne fait pas de prosélytisme et ne tente pas activement de convertir les autres à sa foi, comme l’a effectivement noté, surpris, le roi Kouzari à son ami le Sage ami. Bien au contraire, le judaïsme tente d’écarter de prime abord les convertis.

L’élection de ce peuple visait à lui donner la lourde tâche d’être un « royaume de prêtres et une nation sainte » (Chemot 19:6), pour influencer et éclairer positivement le monde. Son objectif est de lutter pour une époque où la prophétie de Tsefania se réalisera : « Mais alors je gratifierai les peuples d’un idiome épuré, pour que tous ils invoquent le nom de l’Eternel et l’adorent d’un cœur unanime » (tsefania (3:9).

Terminons par une courte histoire de 1943 : des prisonniers juifs du camp de Birkenau furent envoyés à Varsovie pour nettoyer les ruines du ghetto après la répression de la révolte par les nazis. Parmi ce groupe se trouvait l’Admour de Sanz. Alors qu’ils se tenaient dans les ruines du ghetto, un des prisonniers demanda au Rabbi avec douleur : « Rebbe… Continuerez-vous encore à dire dans votre prière “Tu nous as choisis” ? » Le Rabbi lui répondit alors : « Jusqu’à présent, je ne l’ai pas dit avec l’intention requise, mais désormais, lorsque je prononcerai ces mots, je me recueillerai encore plus… Je préfère largement rester dans mon état actuel plutôt que d’être comme l’un d’entre eux ».

En quelques mots, l’Admour de Sanz a résumé la différence essentielle entre le particularisme juif et le racisme allemand, entre ceux qui ont donné au monde Auschwitz et Treblinka et ceux qui lui ont apporté « Tu ne tueras point ».

About The Author

Ancien élève de la yéchiva de Poniewicz. Auteur de plusieurs brochures, en particulier sur le traité Horayot, l'astronomie et le calendrier juif. Se spécialise sur les sujets de Hochen Michpat. Co-directeur du centre de Dayanout Michné-Tora à Jerusalem.

Comments (2)

  • Estria kissous

    Magnifique ! J ai kiffé

  • Yossef Uzan

    Enfin une DRASHA qui colle totalement à l actualité
    Bravo
    Chabat Chalom

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